Ce qu’ils en disent...
Retrouver le travail de Sophie Melon est toujours un immense plaisir et l'assurance d'une rencontre avec le beau et l'essence des choses...
Une nouvelle série, Outils, « de drôles de formes qu'on a envie de prendre en main, avec la curieuse sensation qu'elles vont nous servir à fabriquer quelque chose ». Et en même temps, elles ne sont bien sûr pas des répliques d'outils. Elle avoue s'être elle-même déroutée par ces formes qui à la fois l'appelaient et qu'elle convoquait. « Je considère que je ne suis pas toujours créatrice de ce qui arrive, mais pour autant, il faut beaucoup de rigueur et de travail. Il faut inventer à chaque fois une nouvelle façon de faire, une nouvelle liberté. Et l'on sait que sur ce chemin, on se trompe aussi et c'est normal. »
La croix de vie
Une nouveauté, le plomb qu'elle intègre pour la première fois dans son travail. « C'est très agréable, très ductile. Cela épouse la pièce, les creux. » Sur le béton ou sur la pierre. Autre plaisir éprouvé, celui de travailler avec l'espace. Sophie Melon est sculptrice dans l'âme. « Il paraît qu'on arrête de comprendre la troisième dimension une fois qu'on a appris à lire et à écrire. » Son travail a quelque chose à voir avec l'aube de l'humanité et sa pérennité. Ceci explique peut-être cela... La pureté retrouvée.
À côté d'Outils, Les Croix, tout simplement. Autre aspect du travail que Sophie Melon présente aujourd'hui. « Je suis partie du coeur de cubes qui étaient soit des granits, soit des petits pavés, soit des pierres de calcite, sur lesquels j'ai monté cet embranchement qui est une croix, qui est en fait, pour moi, la verticale et l'horizontale. Un joli symbole de la vie. » L'horizontale étant le temps qui passe et la verticale, « le moment où l'on pourrait un tout petit peu être là ». Elle réfute toute référence religieuse.
Sophie Melon aime passer à la gravure. « C'est un travail gestuel. » Toujours cette relation physique avec la matière. « Et après le plaisir de faire des tirages en remettant de l'encre, en prenant des pastels, en enfermant le dessin dans des papiers plus fins. » Comme elle aime la cuisine, pour s'amuser en gravure, il faut que les ingrédients soient tout le temps différents. Elle a toujours utilisé ce moyen d'expression, mais présenter côte à côte sculptures et gravures n'est pas courant. Marie-Pierre Dilasser lui offre donc une belle opportunité jusqu’au 5 avril à la galerie La Navire.
Ouest-France
4 mars 2014