Ce qu’ils en disent...

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Au fond d’une cour, la maison, et au rez-de-chaussée, l’atelier de Sophie Melon, trop petit, comme souvent, est saturé. Le travail de sculpteur requiert de l’espace.


Les oeuvres ont quelque chose de concrétions directement sorties du sol ou des murs. Posées, sans socle, appuyées en équilibre précaire, les pièces massives et fragiles conjuguent puissance archaïque et préciosité de la matière.


Aux origines de ce choix de la sculpture, il y a la terre, matériau que Sophie Melon affectionne. Puis viendra sa rencontre, déterminante, avec la sculpture japonaise. Entre 1981 et 1984, elle étudie à Kyoto et fera par la suite de nombreux séjours dans ce pays qui montre régulièrement son travail. Elle n’est pas en quête de savoir-faire, encore moins de recettes, mais d’un possible écho à ses recherches. La cavité, le creusement de la forme, le vide enfermé, justifie l’enveloppe, tout comme au rugueux de la matière répond la douceur du polissage.


La sculpture de Sophie Melon se lit du bout des doigts. Sa perception passe par le toucher autant que le regard. La couleur, tout particulièrement les rouges profonds - un emprunt assumé à la tradition japonaise - ajoute à la sensualité de l’objet. C’est bien d’objet dont il s’agit dans la série des «Talisman», petites pièces originales aux incrustations de pierre dure, de cuivre, ou autres matériaux. Pour autant, elles échappent à toute notion de décoration, mais invite à une appropriation intime, une sculpture à vivre.


Aux murs de l’atelier, des dessins, proches dans le processus de fabrication puisque le motif est enchâssé dans deux couches de fibre de riz visqueuses devenues, en séchant, un épais papier.


Par des chemins qui convergent, sillions creusés, matières malaxées, dessin, couleur, construisent l’oeuvre sculpté.


Marie-Françoise Le Saux

Conservatrice du Musée de Vannes La Cohue