Ce qu’ils en disent...

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J'ai le privilège de connaître Sophie Melon depuis de nombreuses années et d'être ainsi le témoin des recherches exigeantes et constantes auxquelles elle se livre sans jamais concéder aux modes du temps, mais au contraire, en cheminant avec persévérance à la découverte des possibilités offertes par les matériaux qu'elle décide d'utiliser et parfois même de créer pour en dégager toute la quintessence. L'interaction de la matière et des formes, tel est le centre de son intérêt.

On a l'impression que les créations de Sophie Melon ont toujours existé, qu'elles sont hors du temps tellement elles prennent instantanément place dans notre univers sensoriel et s'inscrivent aussi naturellement dans leur environnement.

C'est sans fioritures, c'est fort et c'est beau.


François Delfour, Architecte.

Ariane est son second prénom, mais comme chacun, elle ne s'en sert jamais, pourtant il existe. Elle se sert uniquement de son nom Sophie Melon. Elle ne l'a pas choisi non plus ; elle l'a pris, elle l'a gardé. Cette histoire, qui commence par des noms, vous semble un peu puérile ; pourtant la réalisation d'une œuvre d'art commence comme ça : un peu de ce que l'on a oublié, un peu de ce que l'on a, un peu de ce que l'on prend au monde - ou reprend. Ainsi fait, aussi Sophie Melon. Bien entendu c'est beaucoup plus compliqué ...Parce que tout n'est jamais expliqué... Elle dit les mots : Ocre, blanc, rouge, pigment, plomb fondu, la pierre c'est de la peau et parle des signes sur les stèles du Ryôn-ji. Ses sculptures, elles ne semblent pas bâties mais être là depuis toujours. C'est une façon habile de prendre figure dans le monde, une manière de vivre. Mais ce ne sont pas des inventions pour oublier le réel, c'est une invention pour le voir...

Jean-François Bory, écrivain.

Sophie Melon modèle le béton Sikatop comme l’on tourne l’argile. Elle monte les formes au point où celles-ci se dévoilent avant qu’elles n’en disent trop. Nous prenons alors le relais et nous croyons reconnaître les formes hors de leur temps : pierre de stèle néolithique, rakù, roue de meule, mégalithe antropomorphe, sceau cylindrique, être figé dans sa gangue de lave.

La matière ainsi façonnée semble retenir l’empreinte, cette trace par laquelle l’humain se dit.

Moore enlevait de la matière pour donner à voir la forme humaine avant sa disparition,

Giacometti posait la matière pour s’arrêter à l’instant où la forme nous apparaît dans sa plénitude expressive.

Sophie Melon nous invite dans ces limites où le regard doit scruter pour reconnaître la rencontre


Jean-Yves Mesguich,

Commissaire d’art contemporain